L'importance de l'ennui chez les enfants

Aujourd'hui, on a tendance à toujours vouloir être occupé afin de montrer qu'on est au top et qu'on rayonne. Mais ce comportement déteint sur les enfants, à qui on prévoit de multiples activités toute la journée à l'école, à la maison ou à l'accueil de loisirs. Ils ont toujours l'esprit occupé, que ce soit par une activité extérieure ou un écran ils n'ont pas le temps de penser, de buller.

L'ennui est mal vécu, il fait ressentir comme un sentiment de malaise désagréable. On n'est plus habitué à ne rien faire ; la plupart des adultes se sentent obligés de proposer quelque chose à un enfant qui s'ennuie, afin de combler ce "vide". Ainsi, les enfants se retrouvent hyperstimulés et prennent l'habitude de vouloir faire quelque chose pour combler le vide à leur tour.

L'ennui est très important pour que les enfants se développent et développent leurs Compétences Psychosociales.

Les enfants se construisent de différentes façons : en imitant les adultes, par essais-erreurs, .. Et aussi en observant leur environnement. Or, si on ne laisse pas à l'enfant de moment de "vide", il n'a pas le temps d'observer le monde qui l'entoure.

C'est aussi cette observation qui permettra à l'enfant de développer son attention, sa perception : il peut prendre le temps d'observer les insectes qui se déplacent dans l'herbe, regarder la trajectoire d'une goutte d'eau qui coule le long d'une vitre.. Chacun de ces moments d'attention contribuent à développer son attention et sa patience. Il sera ainsi plus en mesure de remarquer des détails que personne ne perçoit, de voir le monde sous un autre angle.

En observant les autres, le monde qui l'entoure, l'enfant apprend à les comprendre, à mieux appréhender le fonctionnement humain, les émotions, et développe petit à petit son empathie envers les autres.

Être seul permet aussi à l'enfant de se retrouver face à lui-même, face à ses propres émotions. Il apprend à mieux se connaître. Il peut aussi, avec le temps, exprimer ses émotions à travers le jeu, le dessin, des histoires qu'il va s'inventer. Tout cela lui permet de revivre la scène à sa manière, avec son vécu.

Au fur et à mesure de ses expériences, l'enfant va se découvrir des capacités à résoudre des problèmes, à faire face aux difficultés rencontrées, à se débrouiller seul. Ainsi, il développe son autonomie, et par la même occasion sa confiance en lui et en ses capacités. Plus tard, il saura être plus autonome dans les prises de décision, dans les moments de solitude, il saura prendre en considération les avis des autres, mais aussi les siens.

L'ennui permet à l'enfant de développer son imagination et sa créativité : lorsqu'un enfant se retrouve seul face à l'ennui, il doit puiser dans ses propres ressources pour trouver quoi faire, pour s'inventer un jeu avec lui même, pour créer des histoires. Souvent, un enfant va créer une histoire à partir de ce qu'il voit, et va être dans sa bulle le temps de l'histoire. Parfois, on pourra remarquer pendant ces histoires une pause, comme si l'enfant était dans la lune. En réalité, il assimile ce qu'il a imaginé et pose son mental, pour ensuite repartir sur son histoire.

Si l'enfant n'a pas l'habitude de s'ennuyer, il faudra l'accompagner vers cet ennui, afin qu'il ne se sente pas démuni. Cela peut se passer au travers des activités du quotidien : quand on jardine on remarque que la nature prend son temps à pousser, que les plantes ne grandissent pas en un claquement de doigts ; ou encore quand on bricole ou qu'on cuisine, etc... Toutes ces activités permettent d'amener l'ennui doucement, en permettant à l'enfant d'appréhender la patience, les moments d'attente, de calme, de "vide" qu'elles peuvent amener.

On peut aussi commencer à jouer avec lui puis s'éloigner petit à petit, et le laisser jouer seul. Il prendra confiance en lui et en sa capacité à jouer seul.

Aménager des temps libres sans activités particulières peut aussi aider dans ce cheminement. Il faut également veiller à ne pas donner des solutions dès que l'ennui fait surface, mais encourager l'enfant à trouver des solutions par lui-même.

Un enfant qui n'a pas le temps de s'ennuyer pourra avoir des difficultés plus tard pour trouver des occupations, prendre des décisions. Il ne supportera pas la solitude et ne pourra s'occuper seul. Il ne se posera pas non plus la question de ce qui lui plaît réellement, de ce qu'il aime vraiment faire.
Il aura peut-être moins confiance en lui et sera peut-être moins autonome, moins créatif.

Il faut tout de même rester vigilant à ce que l'ennui ne soit pas un état chronique, auquel cas il serait inquiétant et relèverait d'un problème plus profond.

Il faut également rester attentif à l'histoire de l'enfant, à son passé : s'il vit ou a vécu des choses difficiles, traumatisantes, l'ennui sera pour lui un supplice, un gouffre sans fin car il revivra les scène traumatisantes ainsi que les émotions fortes liées à ces événements.

Il ne s'agit pas non plus de laisser les enfants s'ennuyer à longueur de journée, ni de les laisser avec leur ennui si on voit qu'il dure et que l'enfant ne se sent pas bien. Il faut réussir à trouver, en tâtonnant, en expérimentant, le juste milieu, la jauge qui convient aux enfants qu'on accompagne. Il ne faut pas non plus culpabiliser lorsqu'on s'aperçoit qu'on a proposé des solutions à un enfant qui disait s'ennuyer. C'est pas grave, on n'est pas parfaits, et c'est très bien !

Sources : madamefigaro.fr ; lepoint.fr ; vaudfamille.ch ; pratique.fr ; parents.fr ; naitreetgrandir.com ; cairn.info