Les conflits font partie intégrante du quotidien des animateurs, et il n'est pas toujours évident de les résoudre. C'est pourquoi je vous propose 6 étapes à suivre afin de mieux y parvenir.
Les enfants n'ont pas les clés pour résoudre des problèmes seuls, ils agissent instinctivement, sans réfléchir. Ils ne maîtrisent pas encore leurs émotions et leur corps, ils sont en plein apprentissage. Et c'est à nous, adultes, qu'il incombe de leur apprendre comment faire.
Lors d'un conflit, on a tendance à vouloir donner nous-même les solutions aux enfants pour que ça soit réglé plus rapidement. Mais à long terme, ça ne les aide pas à gérer les problèmes par eux-même.
Le but ici est d'aider les enfants à résoudre par-eux-même le conflit, de les accompagner vers une solution. Cela leur permet de développer des compétences psychosociales essentielles à leur bon développement et à leur bien-être : la gestion de conflits, améliorer les relations aux autres, développer l'empathie, s'ouvrir aux autres, la gestion du stress et de la frustration.
6 étapes à suivre :
1. Observer
Avant d'intervenir, il faut d'abord observer la scène et se demander si notre intervention est vraiment indispensable. On a tendance à vouloir intervenir au moindre cri, au moindre mot plus haut que l'autre. Mais ça n'est pas aider les enfants à résoudre par eux-même les conflits. Ils sont généralement capables de gérer une petite embrouille seuls.
Bien sûr, si on voit que la situation dégénère et qu'il y a de la violence, on doit intervenir.
Si nous jugeons l'intervention nécessaire, il faudra rester neutre pour les deux enfants (celui qui a tapé et celui qui s'est fait taper). Ils sont chacun dans leurs émotions et ils ont tous les deux besoin d'être compris et écoutés.
On peut les aider à comprendre leurs émotions en mettant des mots dessus, comme "Je comprends que tu sois en colère", "Tu as l'air triste d'avoir perdu", ou encore "C'est normal de ne pas être content quand un copain te prend ton jouet des mains". Ainsi, on évite tout jugement brutal comme "Tu es méchant", ou "C'est pas bien ce que tu as fait", et par la même occasion on évite d'engendrer un stress supplémentaire et un mal-être intérieur. On leur permet également de se sentir compris, et on leur apprend à gérer et comprendre leurs émotions.
2. Calmer
Lorsqu'on intervient, on doit commencer par faire redescendre la tension et les émotions fortes (colère, tristesse, frustration, ...). En effet, une discussion sous le coup des émotions ne mènera à rien, les enfants étant encore perturbés par ce qui se passe en eux, et donc pas aptes à l'échange ni à la coopération.
Pour les aider à se calmer, on peut nommer les émotions comme expliqué plus haut, et leur proposer des outils pour faire baisser la pression : respiration profonde par le ventre, se concentrer sur l'air frais qui entre et l'air chaud qui sort des narines, mettre à disposition des balles anti-stress, des mandalas, un monstre mangeur de colère, etc...
Si on a du temps, il est conseillé d'attendre 10 à 15 minutes avant de passer à l'étape d'après.
3. Expliquer
A cette étape, on cherche à comprendre ce qu'il s'est passé ; on peut directement poser la question "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?", afin d'amorcer la conversation. Il faut cependant veiller à ce que chaque enfant puisse s'exprimer, chacun son tour idéalement, et qu'il soit écouté des autres et de nous-même. Cette étape est très importante, car chaque enfant peut prendre la parole de façon neutre et expliquer ce qu'il a vécu, l'expérience qui a été la sienne. Pour celui qui écoute, c'est important également, car il apprend ainsi à se mettre à la place de l'autre et à comprendre ce qu'il vit.
Ne pas hésiter à reformuler, à reprendre ce qu'il s'est dit si on voit que la conversation tourne en rond ou commence à déraper.
L'utilisation des "messages clairs" fonctionne plutôt bien : l'enfant s'adresse à l'autre en disant "Je ressens... quand... J'aimerais que...". Par exemple, "J'ai ressenti de la colère quand tu as jeté ma bille, parce que j'ai eu peur de la perdre. J'aimerais que tu arrêtes de faire ça.". Pour aider les enfants dans ce message clair quand c'est encore nouveau pour eux, on peut leur poser les questions : "Qu'est-ce que tu as ressenti quand... ?", "Qu'est-ce que tu aimerais... ?".
On peut également poser la question au "coupable" : "Tu penses qu'il ressent quoi quand tu le regardes ?". Ainsi, il peut se rendre compte lui-même de ce que peut ressentir l'autre, et apprend par la même occasion à reconnaître les émotions sur le visage et à les prendre en compte.
4. Recherche de solutions
Lorsque chacun a pu s'expliquer, il faut chercher des solutions pour réparer ce qui a été fait. On peut leur demander "Comment pourriez-vous régler le problème ?", ou "Comment pourriez-vous faire la prochaine fois pour éviter cette situation ?".
Par exemple, si un enfant joue avec un jouet et que l'autre le lui a piqué des mains parce qu'il veut y jouer aussi, on peut demander "Vous voulez tous les deux jouer avec ce jouet, mais il n'y en a qu'un. Comment pouvez-vous faire pour satisfaire tous les deux ?".
Il est important, encore une fois, de les laisser chercher eux-même des solutions.
5. Choix d'une solution
Une fois que plusieurs solutions on été évoquées, on peut les énumérer et leur demander quelle solution convient le plus à chacun. La solution doit être applicable et doit convenir également à l'adulte, et dans l'idéal qu'il y ait un lien avec le problème.
Par exemple, pour le problème évoqué plus haut, la solution pourrait être de se prêter chacun leur tour le jouet.
Le fait de réparer son geste permet à l'enfant d'assumer ses responsabilités et de se sentir moins coupable.
On peut enfin reformuler la solution choisie et les féliciter pour cette démarche positive.
Exemples de solutions : s'excuser, aider à refaire une tour de kapla qu'il a détruite, offrir un dessin à la place de celui qu'il a gribouillé, accompagner l'enfant qu'il a tapé à l'infirmerie, etc...
6. Application
Pour que la résolution du conflit soit complète, il faut bien veiller à ce que la solution soit appliquée par chaque enfant.
Autres astuces :
- Valoriser un comportement positif afin que l'enfant soit conscient de la valeur de son geste et qu'il comprenne ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. On appelle ça la reconnaissance positive.
- Utiliser l'écoute active : écouter l'enfant, reformuler ses émotions, ses besoins. Cela permet d'aider l'enfant à clarifier ses idées, à trouver des solutions, ainsi qu'à descendre en pression, à accueillir et comprendre ses émotions.
- Utiliser la reformulation : "Si je te comprends bien ...", "Donc, pour toi, ...". Cela permet de mieux comprendre ce que l'enfant veut dire, et pour lui ça lui permet de se sentir écouter, et de clarifier sa pensée
- Il faut aussi retenir qu'il ne faut pas culpabiliser si les enfants n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente. Ça peut arriver notamment quand les enfants ne s'entendent pas depuis longtemps et ne veulent pas coopérer. Dans ce cas, il peut être intéressant de leur parler seul à seul et de chercher à comprendre le fond du problème. L'adulte se place ici en tant que médiateur entre les enfants, et tente avec eux d'arriver à un compromis.
L'apprentissage de la résolution de conflits prend du temps et de l'énergie, que ce soit pour les enfants ou pour les adultes, mais il a beaucoup d'avantages à court et long termes : l'enfant est plus épanouis, il est fier de lui et gagne en confiance, il développe de meilleures relations sociales, il est plus débrouillard face à un problème et saura mieux y faire face, il se mettra plus facilement à la place des autres lors de conflits et sera plus à même de les comprendre, etc...
Sources : Université de paix ; Naître et grandir ; Enfance positive ; SOS Profs ; Nanny Secours
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Chloé (lundi, 16 novembre 2020 17:50)
Pour calmer/faire baisser la pression (étape 3), il faut parfois passer par l'isolement : aller dans une autre pièce, s'éloigner du groupe ou tout simplement s'asseoir à une table (et ça fonctionne aussi quand la tension monte avec des parents -et oui, ça peut arriver =/ )
Ludivine - JDA (lundi, 16 novembre 2020 20:17)
Oui c'est vrai, parfois c'est la seule solution, quand l'émotion est trop forte.. Il faut la laisser redescendre à son rythme !
saurel (jeudi, 24 novembre 2022 09:41)
merci pour ses conseils.